Michel Ménaché avec des photographies de Josette Vial, Istanbul. Kilim des sept collines, La
Passe du vent, 2014.
« A l’origine de ce livre, la transmission
brisée… » : ainsi commence ce livre amoureux d’une ville. Un amour
qui, lui, continue dans l’écriture, celle de la vue et celle de la voix, celle
donc de la vie qui traverse ces instants d’éternité que regroupe ce livre. Il y
a les lettres d’un grand-père à son petit-fils datées de ces funestes années
lyonnaises 1942-43-44 avant qu’on ne le fasse disparaître dans l’horreur de la
destruction nazie, mais on l’entend associer tous ses mouvements de vie aux
instants volés à la ville d’aujourd’hui, cette Istanbul qu’il a quittée,
retrouvée pour rejoindre l’Argentine, l’Espagne puis la France - la voix du grand-père dans celle du petit-fils qui a maintenant plus que son âge. Et le poète, regardant les photographies, y
met l’humour, la précision, le tact du point de voix, cette attention au
langage qui vient résonner avec l’attention du point de vue, ces prises que la
photographe a su cadrer dans le fourmillement des vies d’une ville sans jamais
capturer, réduire à des clichés, mais en suggérant toujours la force des énergies qui passent, ces passants qui font la
forme d’une ville. Alors, chaque page du livre qu’on tourne, c’est chaque fois un
recommencement de la vue, de la voix et de la vie : Istanbul. Alors le grand-père et la
grand-mère de la dernière photo – ceux du poète donc – s’entendent encore et
encore dans ce puzzle magistralement disposé par Michel Ménaché et Josette Vial
lors de séjours dans la grande ville du Bosphore. Sur laquelle veillent encore
les étoiles blessées : elles fixent l’orient d’une démocratie pleine de
mémoire vive, de voix qui s’entendent. Elles nous font aimer une ville parce
que c’est leur vie qui continue, qu'on voit, qui nous parle.
On peut feuilleter quelques pages du livre à cette adresse: http://issuu.com/lapasseduvent/docs/livre_istanbul._kilim_des_sept_coll
Serge Martin
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