dimanche 1 décembre 2013

Jacques Morin et Résonance générale n° 6

Décembre, c’est…

RÉSONANCE GÉNÉRALE n° 6 :

Dire d’abord que la réalisation formelle de la revue est très réussie. Et ce n’est pas étonnant puisque c’est l’Atelier du Grand Tétras qui l’imprime (cahiers cousus, vélin 90g… de la belle ouvrage). Je n’avais jusqu’à présent jamais été emballé par cette revue qui présente à mon sens et à mon point de vue deux axes poétiques, l’un avec lequel je me sens de plain-pied et l’autre qui me questionne mais ne m’intéresse guère au fond. C’est peut-être ma limite… En tout cas, mettre Antoine Emaz en tête de distribution a gommé toute hésitation. Il s’agit de l’Antoine Emaz du journal et des notes, celui qui écrit des réflexions pointues sur la littérature, la poésie ou autre, en parallèle avec son travail de poète. Ses notes sont d’autant plus riches que ça dégaine un peu tous azimuts. C’est toujours intéressant quel que soit le sujet, mais surtout chez Antoine Emaz, très intelligent, et ce qui ne gâte rien enfin, bien écrit. D’ailleurs il me conforte dans mes considérations initiales : Ma limite de lecteur est vraiment l’abscons, la langue bouclée sur elle-même…  et plus loin : Je ne connais personne qui puisse tout lire dans la poésie d‘aujourd’hui, ou celle d’hier. Le long des pages, il parle aussi bien de Du Bouchet que de Flaubert, et aussi des polars avec Wallander… Et, en poésie, par exemple, il s’interroge sur l’identité vocale d’un poète : timbre d’écriture ?et aussi  fréquence de pensée, comme en radio. Il balise la critique et conclut : En poésie, on a autant besoin de mémoire que de curiosité. Enfin il s’inscrit sans le savoir dans notre débat actuel : « aller à la ligne ? » (dans Décharge), avec cette phrase : Avec la fin du vers régulier, c’est l’Atlantide : naufrage du continent  poésie et apparition d’un archipel d’œuvres-îles. Fabrice Farre ensuite intègre dans une poésie assez narrative les concepts de caméra subjective et objective. Alice Popieul donne une série de dessins à l’encre Je produis un ramassis de belleriesRésonance générale republie un recueil de Bernard Vargaftig, décédé l’an dernier, et cher aux membres de la revue, paru en 1965 chez PJOswald : Chez moi partout. Il est vrai qu’avec le recul, il date un peu mais se révèle déjà très prometteur Eperdu de toi / L’ombre entre mes doigtsSont mis au point son phrasé et son rythme déjà très personnels. Valérie Michel donne des extraits de son journal : Il y a peu, déjà qui interroge l’invisible et le souterrain avec acuité  Que dire de ces choses qui se décident en nous ? / Sans que l’on sache très bien comment, certaines parviennent à faire équilibre à d’autres… Philippe Païni achève la revue : on ferme un livre un autre / commence nos bouches / effeuillent encore notre toute neuve / nudité A signaler enfin que Serge Martin a intitulé sa rubrique de lectures : Vrac, comme la mienne.
128 pages. 12 €. (2 n°/an : 20 €). L’Atelier du Grand Tétras : Au-dessus du Village – 25210 Mont de Laval.

On trouve cette recension à cette adresse: http://www.dechargelarevue.com/revue_du_mois.htm
Merci à Jacques Morin !
S.M.


Rappel : Jacmo avait déjà chroniqué le n° 4:
le 28.01.2012RÉSONANCE GÉNÉRALE n° 4 :   4° n° pour cette revue semestrielle, qui clôt donc sa deuxième année. Très belle facture puisque fabriquée par l’Atelier du Grand Tétras. Un thème qui rassemble les deux parties de la livraison : Commencements en terrains vaguesCommencements…comme l’illustre parfaitement Jacques Ancet, auteur toujours original et étonnant, qui ravit à chaque lecture, il donne l’impression ici de renaître de l’extérieur : « je rentre dans mes gestes, dans les images de mes yeux », présent aussi au titre de traducteur de Manuel Alvarez Ortega (« Genèse »)…en terrains vagues, comme le titre Yann Miralles, dans des motifs soignés et cinématographiques : chacun sa décollation / sa tête qui verse et que suivre / avec les mots / et dans eux. Entre les deux termes, Françoise Delorme et ses quintils d’hexasyllabes, Amandine Marembert, qui raconte de mieux en mieux, en strophes poétiques, à propos d’un enfant proche, j’ai peur du moment / où ses dents vont tomber / trouant un peu plus sa parole ravalée. Sans oublier le comité de rédaction qui ne se met pas à la une par pudeur : Serge Martin, Laurent Mouret et Philippe Païni. RG s’impose d’ores et déjà comme une revue superbe et exigeante.  
12 €. (2 n° : 20 €). Au-dessus du Village – 25210 Mont de Laval.