Serge Martin, Les Cahiers du Chemin
(1967-1977) de Georges Lambrichs Poétique d’une revue littéraire,
Paris, Honoré Champion, coll. « Poétiques et esthétiques
XXe-XXIe siècles », 2013, 219 p.
Avec ce livre Serge Martin poursuit un
travail toujours en cours, - celui qui l’occupe depuis ses livres
L’Amour en fragments Poétique de la relation critique
(Artois Presse Université, 2003) et Langage et relation
Poétique de l’amour (L’Harmattan, 2004) – sur la relation
dans et par le langage, la relation dans et par le poème, qui est
une condition pour penser la littérature. Un travail qui fait du
mouvement de la parole en poème un opérateur fort pour penser ce
qu’est vivre en langage.
La force de ce livre précisément est
de poursuivre cette recherche, toute de découvertes, en
s’intéressant à la revue Les Cahiers du chemin dirigée
par Georges Lambrichs de 1967 à 1977, aux éditions Gallimard. Serge
Martin travaille à la poétique d’une revue occultée par la
N.R.f., mais qui n’en pas moins d’importance, d’abord par la
liberté d’écriture et de pensée que, de numéro en numéro, elle
invente. La grande réussite de ce livre est d’abord de faire des
Cahiers une œuvre, autant par la lecture qu’il en fait que
l’écriture que fait cette revue des œuvres qu’elle publie :
on voit dès lors que la « relation » est pour le moins
en activité, avec le chemin qu’auront tracé ces cahiers.
L’essai richement documenté combine alors plusieurs approches :
celle du parcours de Lambrichs jusqu’à la création de la
collection du Chemin chez Gallimard et de la revue, puis celle en
direction de l’œuvre de l’écrivain Lambrichs, en particulier de
son livre Les Fines Attaches (1957). Celle ensuite des œuvres
publiées par les Cahiers qui sont aussi les grands titres de
la collection « Le Chemin » : je cite, entre autres
Perros, Stéfan, Chaillou, Trassart, Butor, Réda, Deguy et
Meschonnic. Ainsi se croisent poétique des œuvres et poétique
d’une revue pour penser la relation comme des résonances
multiples. Comme le précise la quatrième de couverture du livre :
« les auteurs des Cahiers du Chemin
dessinent une constellation dans ce champ, que l’essai désigne du
titre d’un ouvrage de Lambrichs : les fines attaches. »
Une revue par les œuvres, les œuvres
par une revue : l’écoute ou relation se lit – et se lie –
dans tous les sens. Une revue ne se lit pas qu’au moment de ses
parutions, mais aussi dans le temps de ses lectures possibles qui,
elles, continuent : « Si les revues meurent, elles ne
cessent de vivre. » (p. 12) Elles s’écrivent aussi par
l’écoute qu’on leur offre : ce que fait ce livre.
Trente numéros des Cahiers du Chemin
existent, et l’essai de Serge Martin pour les continuer. Alors
poursuivons.
Laurent Mourey
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