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samedi 28 janvier 2012

Contre-lettre à Bernard Vargaftig

rien ne se tait je vous entends Bernard
je vous entends et le crissement du gravier
qui fait tourner les châteaux les oiseaux tout autour
leurs cris dans l’ouïe le oui tendu
sur le ciel
entre les tours on se passe la parole
les cerises de Cerisy brillent rouges comme des bouches
on se croise dans les embrasures
on s’embrasse un peu
inquiets la pudeur à sa façon de dire
et sa façon de ne pas
mais les sous-entendus de l’amitié font la basse
continue de vivre

même le silence ce matin ne se tait pas ne peut pas se taire
un si inattendu connaître dans ses hiatus fait sourire l’étonnement
jusque dans tristes les nouvelles qui tombent
une rumeur remue de l’air rien ne meurt
disent les mains de ceux qu’on aime quand les mots
s’étranglent dans la gorge on tremble comme
le souffle tremble on sait bien
qu’une voix passe dans les voix ne se perd pas nous tient
debout cherchant notre au-devant le vivre d’un sens
qui ne fait que poindre qu’on prend
en plein visage après le virage en-haut
d’une falaise tout à coup quand le monde le monde s’ouvre

je vous entends dire l’échappée belle
le jardin de toutes nos forces creusé dans l’horreur
l’équilibre les mains nues
et cette terrible surprise dans les yeux toujours d’être là
qu’on se donne dans les regards et qu’on garde
qu’on porte vers demain vers ceux qui viennent
et qui répète pour nous que vivre n’a pas de fin le oui
de votre voix le poème demeure ce matin plus fort
que les non qui tombent tout autour de toute part c’est à lui
que pour toujours maintenant je tends l’oreille


Philippe Païni – Marseille, le 28 janvier 2012 

lundi 13 avril 2009

contre-lettre à Henri Meschonnic

Marseille, le 13 avril 2009

henri vous disiez on ne sait pas ce qu’on transmet je répondais on ne sait pas
ce qu’on reçoit l’amitié
ne tient pas dans les noms
même dans les mains qui se tiennent dans les voix qui se mêlent l’amitié
déborde et c’est elle qui donne des mains à nos voix pour l’étreinte c’est elle
qui donne de la voix quand nos mains s’envolent dans vaste oui le ciel que l’amitié invente dans les têtes
et nous pouvons accueillir l’inconnu puisque c’est lui
qui fait une porte où il n’y a pas de porte
un voir de la vie où il y avait le mur aveugle de l’époque

henri aimer parler emportent c’est faire connaissance dans la surdité du savoir ce qui sourd
vient de loin l’avenir sur le bout
de la langue les lèvres font vivre et revivre un livre
et rire le rêve elles portent le réel celui
qui n’est que s’il est
ce dont de la parole nous nous échappons
ce qui nous échappe et c’est nous
à chaque mot et le réel
elles le donnent nos lèvres à qui
sait quitter ce qu’il sait
ce que l’on croit acquis
et nos pour toujours commencent toujours dans
chaque bonjour du jour

à lodève l’été dernier vous nous disiez on n’est jamais
seul et je l’entends encore tellement de bouche
en bouches que c’est vrai que ça continue
d’être un premier soir la table les rires
continuent de l’éclairer
une fontaine dans les paroles buissonne l’eau
de la vivante évidente rencontre et toujours
c’est nos premières fois
les mots ne peuvent nous retenir ils nous tirent
par la manche mais on est déjà
dans le monde tout autre qu’ils mettent au pluriel quand les mots
conjuguent entre eux le verbe
aimer
et on laisse
s’effilocher fil à fil on laisse filer
les mots qui voudraient
nous habiller en dimanche on marche vers
toujours plus nue
la nudité

on n’est jamais seul on continue
de naître et n’être rien
que cette marche à l’inconnu à l’aveugle
à tâtons puisque nos mains ne peuvent pas
ne pas se trouver on marche
à bouche que veux-tu nos questions s’amusent
à gorge déployée

on a fait nos cartons le monde
on le déménage en poète
on le déshabille de ses définitions on le déshabitue
de ses calendriers on l’infinit on a
de minuscules résonances pour faire trembler
le décor qui le majusculait et mettait sur nos cartes
vous êtes ici
au passé

avec ce qui sourd on fait
ce qui s’ouvre n’en finit pas
de s’ouvrir et vivre sens
dessus dessous en mettant cul
par-dessus tête la belle assurance
la suffisance des Assis
des ministres du cult
urellement correct

on parle la bouche pleine
de ce qui n’existe pas
encore et encore et enfants
on s’insuffit de toute la vie c’est pour ça
qu’un infini fleurit sur nos lèvres
nous enracine d’avenir lave l’oubli
avec la mémoire le soir
luit et jouit d’être le matin de la nuit
chaque jour on apprend dans le noir à voir
ce qu’on ne voit pas c’est la vie
cette nuit noire qu’on tire du puits et qui rince les visages
de ce qu’on croyait être avec
tout ce qu’on ne sait pas qu’on devient le corps
naissant à voix nue

on dit bonjour
a ceux qui vivent leur bonne nuit

je vous dit bonjour henri parce que ça commence
ça ne fait que commencer conjuguer penser
à l’intempestif présent
ce qui sourd c’est ce qu’on pressent que ça presse
que quelque chose bouge c’est le sens et le sens
c’est ce qu’on ne peut pas prédire c’est la rumeur d’avenir dans ce qu’on dit
mais on sent qu’il y a urgence et la rumeur court
plus vite que nous on respire on respire l’air libre au jour
le jour
à la vie la vie
on en rit
on en rit pour toujours

jeudi 8 janvier 2009

2009

le temps nous joue des tours
et des tours il passe
avec nous vers nous
il se passe quelque chose l’amitié
nous tient nous fait la vie
est notre balancier
et nous sommes tous les jours ce qui passe en équilibre
et le quelque chose qui vacille qui
résonne et nous va si bien quand nous allons
vers ce que nous sommes et nous tournons
au coin de la rue à l’angle
du temps
on fait tourner les tu les je
de bouche en bouche d’air en dire de rire en rêve
au jour le jour
on continue
on se passe avec l’air la parole

Philippe Païni

dimanche 5 octobre 2008

Tentatives d'infinistère


à partir
de l’oubli
voici une mémoire neuve un feu
vient d’y reprendre
dans les genêts
dans la bruyère on monte brume
on descend nuit dans les sourires
l’un de l’autre on se prend
par la main à rêver
qu’on marche tout le monde dans le noir
pas pour pas
se perdre mais se perdre
encore
à deux
se perdre à tâtons

on fait reconnaissance

***

voici une main sur fond de mer l’autre
dans les fougères les genêts dans les gestes
qui prennent feu de maintenant nous ici
nous voici tellement nous qu’on s’étonne qu’on vit
une main dans le présent l’air froid l’autre
vers le souvenir on s’accroche aux racines
un seul geste déjà dans demain matin
et pour toujours demeure cette photographie la vie
en couleurs les couleurs avec nous vont
vieillir elles viennent
du passé avec nous déjà
elles passent

***

le monde est grand une pointe
de granit dans le vert le vent le soir
tombe à point
nommé
comme une pointe
de couteau
suffit dans la cuisine oui
à tout partager
le monde est grand on le respire et plus
on le respire plus encore
il grandit
nous aussi
plus on se sent petit plus on sait
qu’on est grand qu’on grandit
le soir tombe
à pic
et nous le relevons dans la lumière de la cuisine
avec le monde partagé sur la table une falaise encore
dans la bouche
un plongeon dans le oui de ta bouche
quand la chambre
envahit la cuisine

***

et l’air est large il nous pousse
à partir
de nous notre grain
emporté vers ce qu’on ne sait pas qui continue
la terre
rien n’arrête rien
la vie d’un geste une fois
commencée elle commence
pour toujours
si bien que chaque fois est le début démultiplié de sa propre éternité
et si bien que chaque éternité invente ses débutants
et plus il y a de vies plus il y a d’éternités qui commencent
nombreuses et quand on part au large
il y a plus d’ombres qu’on croit
qui se mettent en marche plus d’air
qu’on pense
dans ce qu’on apprend
à connaître ce qu’on commence
à parler je nage
la brasse mes mains
vers ton île de sein

***

jusqu’ici l’odeur d’iode nous tient
éveillés
une lampe se balance avec le petit vent de vivre au-dessus de notre table
sur la route entre audierne et douarnenez le vent tourne la lumière
du bout des doigts on continue de la lire nos ombres
creusent de la nuit des sourires sur la nappe des bouches dans les murs des rues
pour que le monde se réfugie pendant la pluie

puis il repart buée

à la pointe du raz le fond de l’air
est frais entre nous pointe
l’ile de sein dans nos bras nos corps noués on s’étonne
qu’ils nous aillent si bien

Philippe Païni

mercredi 10 septembre 2008

Que commencer

jamais la même vague ne vient s’échouer
sur le sable qui répète un peu
la mer dans ses vagues par les remous qui l’agitent
ou les pas qui font monter du sable sur du sable
des montagnes pour certains des vagues pour nos yeux
mais les yeux ne répètent pas les yeux comme
le trajet d’une mouette dessine un vide aperçu dans le ciel
qui nous suivra encore jusque loin dans la nuit jusque tard endormis
une nouvelle vague se retire mais la mouette disparaît du ciel comme
s’évapore l’eau au soleil et buée sèche dans l’air et sous nos pas des auréoles des cercles
l’eau est bue sous le sable ou s’y réfugie pour fuir
l’air qui la boit plus vite et trouble la vue et trouble nos corps tu deviens de l’autre côté
dans mes yeux qui tout et tout à l’heure voulaient ton tout et toi et moi avec toi

chacun fait son nous et jamais rien ne se répète aucune goutte


l’eau dans l’eau comme chacun est en nous on pourrait dire
c’est du pareil au même
(mais là d’un coup les vitrines meurent dans les rues les miroirs explosent dans des bombes de langage lancées dans des coups de lèvres j’imagine nos retours sur terre quels marins)
mais même l’eau ne se ressemble pas ne ressemble
à rien et à rien d’autre
qu’elle-même puisque chaque instant la montre différente et que chaque goutte creuse sa différence


oui marins d’eau douce
où d’eaux douces nous nous soulevons
maintenant j’écoute
la nuit respirer dans ton sommeil et quelques rumeurs
par la fenêtre la fraîcheur
souffle à travers le jour
est encore à respirer sa chaleur en nous
et ses suites de vagues
dans nos nuits



mais c’est toujours maintenant
quand toujours n’est pas
l’éternité mais le mouvement
cette différence déjà où je me reprends
de nos changements

dire que tu ne fais que commencer


°


rien et rien font ton nombre

ton
silence est tout quand tu ne dis plus

rien
mais tu souffles encore et je sais tout
ce que je ne sais pas ou plutôt j’entre
dans tout ce que je ne savais pas
je t'entends

que je sais
tu viens respires c’est encore le silence
du côté de ton odeur c’est encore ta voix ton silence dans
tes yeux du langage passe




Laurent Mourey

dans le rêve du conteur, poème-lecture



















Dans le rêve du conteur


poème-lecture en rêvant
Ma Retenue de Serge Ritman
dans le rêve du conteur

le rêve du conteur passe
de livre en livre parce qu’il
passe de vie
à vie et rêve encore
d’être le rêve du prince sa ruse
de passer outre le narrateur qui tue
le rêve d’embrasser tu toi la princesse dans je partout
où je passe


dans nos redites

et j’ai trente images à mettre le titre nous vivons
dans nos redites les fautes que n’aiment pas
les eux les autres qui
n’entendent rien que leurs erreurs et opposent
à nos fautes de mots leur défaut de langage
dans nos redites rien que du
jamais répété le fil de je te tu à je te suis
et tu m’es jusqu’à effacer le verbe être de nos bouches
en un nous nous vivons la sur-vie
dans nos redites nous faisons l’o le petit le grand Ô de nos bouches
où j’écoute le plus fort de ta voix le plus fort de tout c’est quand la voix la vie
ne sont pas séparables qui pourra distinguer alors
ce que nous signifions de ce que nous portons ce que nous disons de ce que
nous devenons

à ta suite à la mienne mais je te deviens car la vie
est le conteur autant que nous nous devenons la vie la rime
majuscule qui est plus que la vie la vie portée les rêves portées et pas seulement ceux
qui nous portent

alors le rêve porté est le poème de vie
rien d’autre comme un tien vaut mieux que deux tu l’auras car un tien est un
tu l’auras

dans l’oreille

je rêve le conte de ton passé simple mais on me dit que l’imparfait
ne dure pas qu’il met l’une fois de chaque jour
dans l’air que respire notre histoire
qu’est-ce qui nous sort de la bouche sinon le
baiser des lèvres de l’histoire de chacun
dans la langue le cœur souffle à l’oreille non des réponses mais des bouches
qui respirent nos attentes le cœur à la bouche nous
parlons et toujours à bouche que veux-tu je me réveille dans tes vagues alors il était une fois je raconte
nous ne retiendrons
ni le temps ni le lieu ni toi
ni moi l’une fois ne s’écrit pas
en cinq temps ni
en une fois mais dans un présent conjugué
à tous les temps de tous les modes pourquoi refaire la grammaire sinon
pour nous prolonger dans l’infini un infini qui nous
refait nous inconnu nous futur de bouche en présent d’oreille
d’un silence passé au présent d’un à venir d’une oreille à l’écoute d’un présent quand je me tais et qu’il n’ y a que toi et toi qui parlent
silencieux nous sommes
les forts en bouches et j’ai une fée
dans chaque oreille que tu me fais
en parlant
à toi la magicienne

dans les eaux dormantes du puits des rencontres

et la voilà la gentille la méchante du conte la mage non l’image la magicienne
elle me touche dans ses yeux elle
me fait des cercles dé
faits rien ne nous tient d’autre que nos cercles dé
faits quand ils se rencontrent se portent s’en
lacent qui s’enlacerait d’autre
que nous je ne sais plus si
c’est près du puits ou quelle eau remplissait le seau
de ton visage et distribuait des miroirs à la vie dans des eaux dormantes où nous effacions les images en nous roulant nous tournant dessus
et la vie dans les eaux dormantes je t’écris sans le savoir je te cries partout que tu n’es pas le verso de la fable mais la fable elle-même où nous entrons c’est nous pas besoin
de chercher comme ils font l’opposition de la fable du réel
caché montré nous n’illustrerons rien

dans le fabuleux de la fable du présent

les plus belles histoires sont
sans histoires où chaque moment ne peut pas finir où seulement recommence ta voix
dans chaque moment de ma voix comme ta bouche est dans ma bouche nous n’en finissons pas
tu dis tes yeux dans mon regard la soif est dans l’œil le nuage passe dans l’eau tu vois à toute heure ce que j’entends dans ta peau
et tes lèvres me prennent
à rebours tu m’envoûte et continus-inconnus l’un dans l’autre nous avançons au bord d’une voix qui nous cherche les invisibles du temps
je te ferai toujours plonger en moi pour que tu ne te taises plus jamais comme tu me tiens
dans la vie dans les eaux de nulle part qui nous invente partout
car c’est à chaque instant que tu viens quand plus rien ne me retient
que plus rien ne nous mesure et nous nous inventons nous respirons
dans l’infinissable le
présent


Laurent Mourey

jeudi 17 juillet 2008

Le poème de l'orage


Tes pas s’allongent et je m’essouffle. Ça s’orage, disent-ils par ici. Tu me le répètes quand rien n’apparaît. Oui, ça apparaît. C’est toujours au loin et c’est toujours très près. L'orage est toujours près et nous allons vite. Non, ils sont loin les orages qui enroulent tout dans leur colère. Oui, tu sens toujours la colère qui gronde dans le monde. Oui, juste à côté. Non, loin de nous mais si près quand il faudrait tout faire pour prévenir. Oui, ça gronde depuis longtemps et nous courons. Non, nous sommes essoufflés depuis bien des élections et des pérégrinations. Oui, toujours tu sens l’orage et je m’essouffle à te suivre courir. Tu me prends la main et nous courons sur les premières flaques. Oui, un jour tu es tombée et ça fait très mal. Non, tu te relèves toujours avec ma main dans ta main qui tire pour courir devant les orages. Oui, les orages de toutes sortes qui défont les horizons de ceux qui cherchent la vérité. Non, tu sais seulement vivre vraiment avec les orages toujours près. Non, toujours loin et près à la fois. Oui, j’aime cette odeur qui devient la tienne. Oui, l’odeur de tes orages. Non, de tes peurs qui tirent ma main plus fort pour courir avec l’orage dans le dos. Oui, dans ton dos et je regarde l’orage pour te dire de courir encore. C’est toi qui me fais regarder l’orage et tenir dans ta main pour courir juste devant. L’orage approche. Non, l’orage est notre course. Mon essoufflement. Tes pas qui s’allongent dans mon souffle. Je cours avec ton orage. Je cours dans tes pas. Oui, dans tes pas qui allongent l’orage de mon souffle.


Serge Ritman