samedi 28 janvier 2012

Contre-lettre à Bernard Vargaftig

rien ne se tait je vous entends Bernard
je vous entends et le crissement du gravier
qui fait tourner les châteaux les oiseaux tout autour
leurs cris dans l’ouïe le oui tendu
sur le ciel
entre les tours on se passe la parole
les cerises de Cerisy brillent rouges comme des bouches
on se croise dans les embrasures
on s’embrasse un peu
inquiets la pudeur à sa façon de dire
et sa façon de ne pas
mais les sous-entendus de l’amitié font la basse
continue de vivre

même le silence ce matin ne se tait pas ne peut pas se taire
un si inattendu connaître dans ses hiatus fait sourire l’étonnement
jusque dans tristes les nouvelles qui tombent
une rumeur remue de l’air rien ne meurt
disent les mains de ceux qu’on aime quand les mots
s’étranglent dans la gorge on tremble comme
le souffle tremble on sait bien
qu’une voix passe dans les voix ne se perd pas nous tient
debout cherchant notre au-devant le vivre d’un sens
qui ne fait que poindre qu’on prend
en plein visage après le virage en-haut
d’une falaise tout à coup quand le monde le monde s’ouvre

je vous entends dire l’échappée belle
le jardin de toutes nos forces creusé dans l’horreur
l’équilibre les mains nues
et cette terrible surprise dans les yeux toujours d’être là
qu’on se donne dans les regards et qu’on garde
qu’on porte vers demain vers ceux qui viennent
et qui répète pour nous que vivre n’a pas de fin le oui
de votre voix le poème demeure ce matin plus fort
que les non qui tombent tout autour de toute part c’est à lui
que pour toujours maintenant je tends l’oreille


Philippe Païni – Marseille, le 28 janvier 2012 

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